Une note de lecture sur " La demeure aux infinis " par Rémi Mada

Voilà un recueil pour le moins étonnant parce qu’il nous sort du convenu, du réel cadré, balisé, attendu et qu’il explore avec une liberté certaine un imaginaire débridé, décomplexé. Les dessins de Damien Brohon font écho à la poésie de Frédéric Tison. Les soleils blancs, les torrents de lumières, les portes ou les béances laissent entrevoir une luminosité intense, tout un univers nouveau au sein duquel des bâtisses sont érigées et d’étranges personnages apparaissent. On croirait découvrir un ailleurs inconnu-le monde intérieur de Damien Brohon-et si l’on veut bien ouvrir un peu son esprit, on se laissera happer par la dimension cosmique qui émane de ces dessins. Les poèmes de Frédéric Tison évoquent, eux aussi, un cosmos singulier, abstrait où il est question d’un chemin « tremblant », « éparpillé », « imprécis », d’une marche « autour d’un infini », d’une « clef simple » que l’on trouve peut-être pour ouvrir une « serrure ouvragée », d’une possibilité d’avancer sur ce chemin à condition de ne pas être au devant de la scène car « s’effacer » nous dit le poète « fut notre lumière ». Et sans doute que la lumière représentée par Damien est ce chemin promis et poétisé par Frédéric. Sans doute aussi que ces constructions dessinées par Damien suggèrent cet « autre château de Beauté » qui « grandit » dans la poésie de Frederic. Il faut entendre que cette « Demeure aux infinis » que l’on construit sur ce chemin est pétrie de beauté et d’imaginaire, que cette demeure est infinie parce qu’elle appartient et aux hommes et à Dieu. Les deux artistes touchent ainsi par le prisme de leur art à l’absolu, à l’indicible: ils nous proposent de sortir de notre condition pour côtoyer une autre dimension, un autre état, une autre forme. Et ils nous rappellent que l’humain ne se limite pas à son esprit cartésien et à sa matérialité.
 

 Juin 2023

Rémi Mada


En vente sur Place des libraires.


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